République souveraine salue le lancement de « l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires ».
76 universitaires lancent un appel pour contrer « une vague identitaire sans précédent au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche ».
Sur le site Internet de l’observatoire (http://decolonialisme.fr/) on trouve nombre de contributions et d’informations relatives au vent de folie qui souffle sur l’université : le « décolonialisme » et son complément obligé « l’intersectionnalité », « qui croit combattre les inégalités en assignant chaque personne à des identités de « race » et de religion, de sexe et de « genre » ».
On pourrait se réjouir du débat, de la confrontation d’idées, des oppositions argumentées qui sont la base de la recherche universitaire et de la transmission de savoir. Malheureusement, on assiste ces derniers mois à une multiplication « d’incidents », d’ostracismes et de chasses aux sorcières aux motifs qui paraissent ridicules, mais qui brisent des vies d’enseignants et de chercheurs.
Venue des Etats-Unis, cette nouvelle vision du monde « décoloniale », sous couvert d’ouverture et de progrès, est une formidable régression. Elle ne discute pas, elle ne questionne pas, elle impose. Elle plaque sur la complexité du monde une grille totalitaire simpliste qui ne voit plus le collectif, et le mouvement long. C’est le triomphe de l’individu assigné à une différence figée et racisée contre l’universel, et s’y opposer devient hérétique.
Le travail de mise en lumière mené par l’observatoire est donc le bienvenu au moment où ce « McCarthisme tendance » tente de s’imposer dans tous les lieux de formation.
Claude Nicolet, grand historien de la Rome antique et de l’idée républicaine en France, expliquait que la république est une méthode : mettre à distance le tyran qui est en nous.
C’est bien ce qui est en jeu.
République souveraine n’est pas l’Observatoire et les universitaires qui y participent écrivent librement. Nous pouvons avoir des désaccords sur telle ou telle contribution, mais là n’est pas l’essentiel. La situation est préoccupante, nous soutenons cette initiative.
Nous disons aussi que le « décolonialisme », en niant la possibilité d’un universel, en rabattant les arguments sur l’origine ou les préférences personnelles, porte en lui la violence.
Nous disons enfin que les harcèlements, les menaces et les mises à l’index ne peuvent d’aucune manière être tolérés dans une République démocratique. Nous souhaitons vivre dans une société libre ou le débat argumenté et apaisé est la norme et où l’intimidation n’est pas un moyen pour faire taire les intelligences.