Contre Trump et le trumpisme : ne pas chérir les causes en maudissant les conséquences.
République souveraine condamne avec la plus grande fermeté l’intrusion de militants trumpistes radicaux au sein du Capitole de Washington. Elle appelle cela par son nom : une tentative de coup de force de l’extrême droite états-unienne. Elle juge pitoyables les tentatives de Donald Trump pour se dédouaner de ses responsabilités et s’interroge sur la très grande faiblesse du dispositif de sécurité, en ce jour où les risques de trouble à l’ordre public étaient prévisibles. Les aspects carnavalesques de l’événement ne doivent pas masquer le fait qu’il a été largement facilité, sinon téléguidé.
République souveraine met en garde le président élu et la nouvelle administration contre la tentation de combattre cette attaque tout en nourrissant ses causes profondes. Pour vaincre le trumpisme, il faut casser le racisme latent, non pas en opposant au suprémacisme blanc d’autres délires identitaires, mais en parlant à tous les Américains en tant qu’Américains, et en se mettant enfin au service des classes populaires.
Malheureusement, la composition de l’administration Biden, tout comme certains propos de ce dernier, est plutôt inquiétante.
Joe Biden est entouré en grande partie d’anciens des équipes Clinton ou Obama, de personnes qui pensent que le plan de relance répond à des défis conjoncturels et qu’après lui doivent s’appliquer à nouveau les préceptes reaganiens, pourtant démentis par la crise de 2008. Le président élu risque fort de renouer avec les errements du parti démocrate ayant conduit à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Aux yeux des anciennes bases électorales démocrates, notamment ouvrières, le libéralisme économique, et notamment le dogme du libre-échange absolu, même mâtiné de progressisme sociétal, est inacceptable. La stratégie d’abandon de la lutte contre les inégalités sociales pour se focaliser sur les minorités a partout présidé à l’effondrement de la gauche et a ouvert un boulevard à l’extrême droite.
Autre motif d’inquiétude : en présentant son équipe, le président élu a également déclaré que l’Amérique était de retour, prête de nouveau à diriger le monde. Ce message aussi invoque un moment reaganien de sinistre mémoire. Il semble indiquer une volonté de renouer avec la fuite en avant néoconservatrice des années 2000 qui n’a réussi qu’à mener les États-Unis de bourbiers sanglants en reculs humiliants. Le monde ne peut accéder à la paix que dans le respect du multilatéralisme et du droit des peuples à la souveraineté.
Les risques pointés par République souveraine sont clairs : celui, à l’international, de voir les tensions se durcir, voire les guerres latentes ou déclarées se multiplier. Celui, à l’intérieur, de voir se développer une atmosphère de guerre civile, favorisant un retour du trumpisme dans quatre ans, plus fort encore qu’aujourd’hui avec la conquête définitive des États industriels déclassés.
La souveraineté populaire, qui seule peut protéger les perdants de la mondialisation contre leurs fossoyeurs néo-libéraux, alliée à la nation civique – celle du rêve de Martin Luther King – qui prône ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous divise, sont la solution.