1er mai 2020 : Le premier jour d’après

1 mai 2020

Rarement un 1er mai n’aura aussi bien incarné le jour des travailleurs qu’en cette année 2020. Applaudis tous les soirs, les soignants font leur devoir vital à chaque heure du jour et de la nuit, au péril de leur vie. Mais ils ne sont pas seuls ; pour assurer le minimum en ces temps de crise, ce sont des pans entiers de notre société qui se mobilisent, du paysan aux petites mains de la grande distribution et aux commerçants, en passant par les chauffeurs routiers et les livreurs, les fonctionnaires et les agents des divers services publics, qui essayent avec les moyens du bord de continuer leur mission tant bien que mal.

A l’origine, il y eut le 1er mai 1886, manifestation pour la journée de huit heures de travail qui s’acheva dans le sang au Haymarket Square à Chicago. Il y eut le 1er mai 1891 à Fourmies, jour où, selon Clemenceau, “le quatrième état s’est levé”. Il y eut tous ceux où les travailleurs arboraient fièrement la fleur rouge de l’églantier, remplaçant le triangle rouge des “trois huit”, huit heures pour le travail, huit pour le loisir, huit pour le sommeil – revendication primordiale d’une vie digne d’un homme et non d’un automate.

A l’origine du 1er mai, il y a donc la lutte pour la réduction du temps de travail ; ce temps de travail qu’aujourd’hui, les soignants ne comptent pas dans les hôpitaux, mais qu’au Gouvernement, on veut compter coûte que coûte : soixante heures par semaine, suppression des congés, obligation d’exposer son enfant au danger pour aller pointer. 

C’est sous le signe du travail sain dans l’intérêt de tous – à l’opposé du travail contraint au service d’une minorité – que ce 1er mai 2020 doit être placé.

Car le travail a pour chacun de nous une double dimension. A côté de sa composante contraignante et parfois fastidieuse, liée aux nécessités de gagner sa vie, il y a celle de la socialisation, de l’image de soi, celle de la fierté du travail “bien fait” et utile aux autres qui donne du sens à l’activité humaine et transcende les positions hiérarchiques en favorisant le sentiment de participation à la lutte, la générosité et le partage.

Mais ces considérations n’intéressent pas le capitalisme, qui n’a eu depuis l’origine qu’un seul critère d’appréciation : le profit sans autre limite que celle opposée par les travailleurs en lutte. Lorsque apparaissent des crises, les conséquences de cet aveuglement sont terribles : les valeurs d’usage élémentaires dont dépend la vie des gens ordinaires, les conditions sanitaires préalables à la reprise économique assurant leur sécurité et celle des autres – des masques, des équipements hospitaliers, des respirateurs, du personnel qualifié – ne sont pas disponibles. Ce triste épisode du coronavirus et de sa gestion calamiteuse par l’oligarchie se fait sous le signe de la pénurie et doit donc tous nous amener à faire un constat : les tenants du système mondialisé qui sévit depuis plus d’un demi-siècle ont continué l’oeuvre délétère de leurs prédécesseurs : détourner le travail de sa fonction émancipatrice pour ne retenir que sa dimension aliénante.

C’est donc à nous de faire de ce 1er mai un jour qui reste dans l’histoire comme le premier d’une ère nouvelle, dans laquelle le travail ne serait plus synonyme d’asservissement mais deviendrait enfin un moyen d’émancipation collective des citoyens. 

C’est avec cet objectif très clair que nous, membres de République souveraine, nous associons cette année à ce jour symbolique, en faisant flotter à nos fenêtres un morceau de chiffon rouge, comme une églantine de confinement.

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