Reconstruire l’école
20 mars 2019
On ne peut concevoir la souveraineté de la Nation et la démocratie sans penser la souveraineté des individus. Par l’instruction, la République doit garantir au peuple les moyens de son autonomie.
Après quarante ans de renoncements, le système scolaire français se trouve aujourd’hui dans une situation préoccupante. Les problèmes de l’école reflètent en partie ceux de la Nation tout entière ; il existe néanmoins une crise qui lui est propre, à laquelle le politique doit répondre. Le temps n’est plus à une énième réforme, mais bien à une reconstruction de l’école de la République sur des bases saines.
Nous proposons donc de :
- Refaire de l’école un sanctuaire, un « asile inviolable où les querelles des hommes n’entrent pas » (Jean Zay). L’école doit être protégée des forces qui mettent en péril le bien commun : capitalisme prédateur, digitalisation gadget, dérives identitaires.
- Refuser de soumettre l’école à la logique de l’intérêt et du marché. L’école n’est pas un service ; son but n’est pas de former les rouages de la machine économique, mais des citoyens libres et responsables.
- Interdire tout prosélytisme. L’école n’a pas à correspondre aux attentes de tel ou tel groupe social, culturel ou religieux ; elle doit être un lieu d’ouverture transcendant les origines des élèves.
- Refaire de l’école une institution de la Nation et le lieu de fabrication de la citoyenneté. Conformément à l’universalisme que porte l’idée française, l’école doit garantir « la possession en commun d’un riche legs de souvenirs » (Ernest Renan). Par la transmission de l’héritage, elle unit les citoyens, les rattache au passé de notre pays et leur donne un horizon commun.
- Faire de la transmission du savoir la priorité absolue, pour en finir avec l’idée qu’il ne serait qu’un instrument de la reproduction sociale. Un individu libre est un individu éclairé : on le devient par la transmission et la connaissance des chefs-d’œuvre du passé.
- Refuser l’idée d’un élève autosuffisant que portent les réformes mises en place depuis des décennies : si celui-ci peut être actif dans l’acquisition du savoir, c’est bien le professeur qui en est le dépositaire.
- Accepter que l’école a pour tâche d’instruire plutôt que d’éduquer. Cela passe par un retour aux fonctions fondamentales de notre système scolaire : enseigner les savoirs, la culture et la morale républicaine.
- Redresser l’enseignement de la langue française, base de l’unité de la Nation. Le retour complet à la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture est primordial, de même qu’une forte hausse des heures de français.
- Redonner à l’école les moyens d’assurer ses tâches en renforçant la discipline et en travaillant à rendre à cette institution le prestige qui devrait être le sien. Rendre au corps enseignant – trop souvent confronté à des remises en cause de son autorité – un statut correspondant à l’importance de sa mission.
- Mettre fin aux violences physiques et verbales dans les salles de classe en redonnant aux instituteurs et aux professeurs les moyens réglementaires d’exercer leur autorité.
- Ouvrir un débat sur le retour de l’uniforme à l’école, symbole d’universalisme de l’institution et aide précieuse à la discipline.
- Redonner aux enseignants les moyens matériels d’assurer leurs cours dans de bonnes conditions et les rémunérer à leur juste valeur.
- Renforcer la sélection des enseignants, rendue possible par la revalorisation de leur traitement et le renforcement du prestige de l’institution, et améliorer leur formation. Envisager le retour au système des écoles normales.
- Défendre l’égalité entre les territoires, aujourd’hui attaquée par le libéralisme, l’individualisation des parcours et la mise en concurrence des établissements. Il convient d’affirmer l’unité de l’école de la République : la même partout, pour tous.
- Revaloriser l’apprentissage et les filières courtes, conformément aux besoins de la Nation et à la diversité des qualités de chacun. Cesser de dévaloriser les filières manuelles et techniques au profit de la filière générale, afin de mettre fin à l’échec scolaire structurel dans l’enseignement supérieur tout en répondant à la pénurie de main d’œuvre dont souffrent certaines professions.